- 19 avril 2020
- 0 Comments
- Non classifié(e)
Voici un article issu d’un mémoire de fin d’étude d’ostéopathie, sur la réflexion des dysfonctions crâniennes liées aux modalités d’accouchement.
Dans cet article, je souhaitais vous faire part des résultats de mon mémoire de fin d’étude intitulé « Réflexions sur les dysfonctions ostéopathiques crâniennes du nourrisson liées aux modalités d’accouchement » soutenu en juin 2018.
L’utilisation de ventouses ou forceps lors de la naissance fait peur aux parents. En ostéopathie, elle est souvent dénoncée comme étant vecteur de dysfonctions au niveau du crâne de bébé. Le but de ce travail a été de chercher si des critères objectifs permettraient d’incriminer, en fonction du contexte clinique, l’instrument dans la survenue de lésions et/ou dysfonctions ostéopathiques.
Le crâne est constitué d’une multitude d’os qui vont grandir et se rigidifier avec la croissance du nourrisson. Deux grands mécanismes sont responsables de cette ossification :
•un premier, hormonal, est l’ossification primaire dite endochondrale.
•le second, plutôt mécanique, est l’ossification secondaire dite membraneuse.
Lors de l’accouchement, différentes forces sont appliquées sur le crâne du nourrisson. Ces différentes forces participeraient au positionnement des os du crâne les uns par rapport aux autres, c’est le modelage crânien. On peut supposer que ces forces ont une influence sur l’ossification puisque cette dernière est stimulée par des contraintes mécaniques. Les dysfonctions ostéopathiques pourraient donc être figées par l’ossification.
Ce constat nous permet la réflexion suivante : Est-ce que l’utilisation d’instruments, comme la ventouse ou le forceps, pourrait rajouter des contraintes supplémentaires sur le crâne du nourrisson, par rapport à un accouchement dit « normal » ? Et donc créer des dysfonctions ?
La littérature médicale affirme que les complications dues aux instruments ne sont que rares et minimes, de plus elles restent de bon pronostic à moyen et long terme. Depuis 2010, elle préconise tout de même l’utilisation de la ventouse silicone par rapport aux autres instruments. Mais nous observons une véritable marginalisation du recours aux instruments en faveur de la césarienne sur les 20 dernières années.
Une étude ostéopathique réalisée sur 1250 naissances à la maternité de Saint-Cloud au début des années 2000 nous apporte différentes informations.
Si l’on met à part le contexte de l’accouchement : 67,4 % des bébés nés sans le recours au forceps présentaient des dysfonctions. Pour ceux nés avec l’utilisation de forceps : 79,2 % des bébés en présentaient ; soit une augmentation d’un peu plus de 10 % avec les instruments.
Par contre si l’on tient compte des circonstances de l’accouchement, ces fameuses complications qui nécessitaient le recours aux instruments, telles que la « Souffrance Fœtale Aigue : SFA », ou l’ « Arrêt de Progression : AP », les données sont un peu différentes. Pour certaine forme de dysfonction, la différence entre l’utilisation ou non du forceps passe à 20 % de dysfonctions supplémentaires avec l’instrument. Il y a ici une augmentation bien plus significative que précédemment, mais peut-on vraiment attribuer la faute à l’instrument ou à la complication ?
Les résultats de cette étude laissent à penser que la majorité des dysfonctions résulte des circonstances de la grossesse et de l’accouchement avec notamment la position intra-utérine et la présentation en plus des complications (SFA, AP,…). Nous considérons donc l’instrument, et ici plus particulièrement le forceps aux vues des données, comme facteur favorisant la dysfonction et non comme le principal responsable.
Nombre de raisons justifient de telles pratiques obstétricales. Dans la majorité des cas, elles sont pratiquées dans l’urgence par rapport à l’état fœtal et/ou maternel. Elles permettent l’accouchement d’un enfant vivant avec le meilleur état néonatal possible. Les lésions ou dysmorphismes crâniens observés sont certes parfois impressionnants, mais ces rares cas, sont toujours bien mieux qu’un bébé mort ou en détresse vitale.
Certains adoptent une attitude critique envers ces pratiques, mais l’ostéopathie sait palier à ces complications. L’ostéopathe a donc le devoir de s’appliquer à les corriger.
Cette étude a été réalisée sur la base de 10 publications médicales officielles des dix dernières années et plus de 5000 examens cliniques ostéopathiques réalisés en France, aux Etats-Unis et au Vietnam sur plus d’un demi-siècle. Je tiens à remercier tout particulièrement Monsieur Pierre Capillon pour le merveilleux travail qu’il a réalisé à la maternité de Saint-Cloud et qui a contribué fondamentalement à mes propres recherches.
Toutes mes sources et références sont disponibles sur demande.
AUTEUR : David Cordon De Gheselle, Ostéopathe D.O